Page:Sand - Constance Verrier.djvu/238

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— Il faut, répondit la tante, faire comme tu crois que Dieu te conseille. Il n’y a que lui qui puisse nous éclairer dans la nuit où nous sommes tombées. Moi, j’ai beau prier, je n’ai pas ton esprit, je n’y vois plus. Prie et ensuite décide ! Ce que tu voudras, je le voudrai.

Constance pria avec ferveur et la foi lui fut rendue. Elle appela Raoul, elle lui demanda de parler, elle l’écouta sans le troubler ni le décourager par un geste de souffrance ou un regard de doute. Il parla avec une grande logique et une ardente conviction, ne s’excusant pas, s’abandonnant à la mansuétude de son juge, mais disant et prouvant que l’avenir serait sans nuage et sans tache. Cette preuve, il la montrait dans sa souffrance, dans ce qu’il avait enduré de honte, de remords et d’épouvante depuis deux mois. À moins d’être stupide ou insensé, il ne pouvait plus avoir qu’une volonté, un but, un besoin dans l’âme, c’était le bonheur de Constance, bonheur sans lequel sa propre vie devenait maudite et impossible. Constance fut vivement attendrie et se jeta dans ses bras, pleurant avec lui, et forçant Cécile à l’embrasser et à le bénir aussi. Elle sentit bien qu’elle l’aimait plus que tout au monde et qu’elle n’en pourrait jamais guérir.

Mais quand elle se retrouva vis-à-vis d’elle-même, la fascination s’envola et il lui sembla qu’elle ne l’aimait pas.

Puis elle chassa cette idée comme une suggestion de l’orgueil, et pria Dieu de l’en délivrer. Elle regarda comme un devoir de ne jamais la laisser rentrer dans