Page:Sand - Constance Verrier.djvu/9

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Dans la préface de la Nouvelle Héloïse, il y a maintenant cent ans révolus, Jean-Jacques Rousseau disait : « Jamais fille chaste n’a lu de romans. Celle qui, malgré le titre du mien, en osera lire une seule page, est une fille perdue ; mais qu’elle n’impute point sa perte à ce livre : le mal était fait d’avance. »

Depuis un siècle, le roman s’est bien relevé de l’arrêt porté par Rousseau ; il n’est pas nécessairement pernicieux. C’est un instrument qui s’est beaucoup perfectionné. Des mains habiles et fécondes peuvent faire résonner toutes ses cordes. Il peut se prêter à l’enseignement de tous les âges et de toutes les situations ; il peut faire éclore chez l’enfant et développer chez l’adolescent le sens du beau et du bien ; il peut confirmer et consacrer cette notion chez l’homme mûr et chez le vieillard ; mais ce ne sera pas toujours par les mêmes moyens ni avec le même procédé, et il ne serait pas absolument juste de vouloir obliger l’artiste à chanter exclusivement et perpétuellement pour tel