Page:Sand - Constance Verrier.djvu/92

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nous sommes logiques et calmes. Quant à cette chère exaltée, voilà qu’enfin je me l’explique : elle a le cerveau malade. Pardon, Sofia ; mais, vous voyant si charmante, je ne pouvais pas croire que vous fussiez folle ; vous l’êtes, tout est dit.

— Comment ! je suis folle ? Pourquoi ?

— Parce que vous demandez l’amour que vous n’êtes plus capable de ressentir. Vous voyez, je me répète.

— Vous croyez cela ? dit la Mozzelli piquée au vif.

— Oui, je le crois, dit la duchesse. Vous n’avez réellement aimé qu’une fois, à savoir, la première, quand vous sentiez l’amour sans le raisonner. Du moment que vous l’avez analysé et disséqué, votre imagination seule a été éprise de ses propres chimères, et aujourd’hui, n’ayant plus que de l’imagination à donner, vous exigez un cœur en échange. Ce n’est pas juste, et l’homme qui vous donnerait le sien serait fort à plaindre. N’est-ce pas ce que vous pensez aussi, Constance ?

— Peut-être avez-vous raison, répondit mademoiselle Verrier ; mais je n’ai pas été aussi loin. Je ne suis pas tout à fait compétente. C’est la première fois de ma vie qu’une situation de ce genre est offerte à mon examen. J’aurais besoin d’y réfléchir, et, en tout cas, je vous avoue que je ne suis jamais bien pressée de condamner les gens et de leur dire : Vous êtes perdus !

— Merci, Constance ! s’écria la Sofia, vous me laissez l’espoir de guérir, vous ! Je déclare que vous êtes