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consuelo.

mon noble maître Porpora. Il lui est échappé bien souvent devant moi des paroles amères et profondes qu’il me croyait incapable de comprendre ; mais elles creusaient bien avant dans mon cœur, et elles n’en sortiront jamais. C’est un homme qui a bien souffert, et que le chagrin dévore. Par lui, par sa tristesse, par ses indignations concentrées, par les discours qui lui ont échappé devant moi, il m’a appris que les artistes sont plus dangereux et plus méchants que tu ne penses, mon cher ange ; que le public est léger, oublieux, cruel, injuste ; qu’une grande carrière est une croix lourde à porter, et la gloire une couronne d’épines ! Oui, je sais tout cela ; et j’y ai pensé si souvent, et j’ai tant réfléchi là-dessus, que je me sens assez forte pour ne pas m’étonner beaucoup et pour ne pas trop me laisser abattre quand j’en ferai l’expérience par moi-même. Voilà pourquoi tu ne m’as pas vue trop enivrée aujourd’hui de mon triomphe ; voilà pourquoi aussi je ne suis pas découragée en ce moment de tes noires pensées. Je ne les comprends pas encore ; mais je sais qu’avec toi, et pourvu que tu m’aimes, je pourrai lutter avec assez de force pour ne pas tomber dans la haine du genre humain, comme mon pauvre maître, qui est un noble vieillard et un enfant malheureux. »

En écoutant parler son amie, Anzoleto reprit aussi son courage et sa sérénité. Elle exerçait sur lui une grande puissance, et chaque jour il découvrait en elle une fermeté de caractère et une droiture d’intentions qui suppléait à tout ce qui lui manquait à lui-même. Les terreurs que la jalousie lui avait inspirées s’effacèrent donc de son souvenir au bout d’un quart d’heure d’entretien avec elle ; et quand elle le questionna de nouveau, il eut tellement honte d’avoir soupçonné un être si pur et si calme, qu’il donna d’autres motifs à son agitation.

« Je n’ai qu’une crainte, lui dit-il, c’est que le comte