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consuelo.

ment Consuelo en rougissant, comme si elle eût reçu une offense personnelle.

— Je sais qu’il est votre élève, beaucoup plus que celui du professeur que je lui ai donné, répondit le comte en souriant. Ne vous en défendez pas, belle Consuelo. En apprenant votre intimité, le Porpora s’est écrié : je ne m’étonne plus de certaines qualités qu’il possède et que je ne pouvais pas concilier avec tant de défauts !

— Grand merci au signor professor ! dit Anzoleto en riant du bout des lèvres.

— Il en reviendra, dit Consuelo gaiement. Le public d’ailleurs lui donnera un démenti, à ce bon et cher maître.

— Le bon et cher maître est le premier juge et le premier connaisseur de la terre en fait de chant, répliqua le comte. Anzoleto profitera encore de vos leçons, et il fera bien. Mais je répète que nous ne pouvons fixer les bases de son engagement, avant d’avoir apprécié le sentiment du public à son égard. Qu’il débute donc, et nous verrons à le satisfaire suivant la justice et notre bienveillance, sur laquelle il doit compter.

— Qu’il débute donc, et moi aussi, reprit Consuelo ; nous sommes aux ordres de monsieur le comte. Mais pas de contrat, pas de signature avant l’épreuve, j’y suis déterminée…

— Vous n’êtes pas satisfaite des conditions que je vous propose, Consuelo ? Eh bien, dictez-les vous-même : tenez, voici la plume, rayez, ajoutez ; ma signature est au bas. »

Consuelo prit la plume. Anzoleto pâlit ; et le comte, qui l’observait, mordit de plaisir le bout de son rabat de dentelle qu’il tortillait entre ses doigts. Consuelo fit une grande X sur le contrat, et écrivit sur ce qui restait