gneur comte, et encore moins à madame la chanoinesse.
— Faisons un accord, dit Amélie. Vous allez vous mettre au lit pour reposer vos pauvres membres brisés. Pendant ce temps, j’irai passer une robe de nuit et congédier ma femme de chambre. Je reviendrai après m’asseoir à votre chevet, et nous parlerons allemand jusqu’à ce que le sommeil nous vienne. Est-ce convenu ?
— De tout mon cœur », répondit la nouvelle gouvernante.
XXV.
« Sachez donc, ma chère… dit Amélie lorsqu’elle eut fait ses arrangements pour la conversation projetée. Mais je m’aperçois que je ne sais point votre nom, ajouta-t-elle en souriant. Il serait temps de supprimer entre nous les titres et les cérémonies. Je veux que vous m’appeliez désormais Amélie, comme je veux vous appeler…
— J’ai un nom étranger, difficile à prononcer, répondit Consuelo. L’excellent maître Porpora, en m’envoyant ici, m’a ordonné de prendre le sien, comme c’est l’usage des protecteurs ou des maîtres envers leurs élèves privilégiés ; je partage donc désormais, avec le grand chanteur Huber (dit le Porporino), l’honneur de me nommer la Porporina ; mais par abréviation vous m’appellerez, si vous voulez, tout simplement Nina.
— Va pour Nina, entre nous, reprit Amélie. Maintenant écoutez-moi, car j’ai une assez longue histoire à vous raconter, et si je ne remonte un peu haut dans le passé, vous ne pourrez jamais comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans cette maison.
— Je suis toute attention et toute oreilles, dit la nouvelle Porporina.