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consuelo.

l’amitié pour Consuelo ; et comme il était d’un pays et d’un peuple où les passions règnent plus que les attachements, il ne sut point donner à cette amitié un autre nom que celui d’amour. Consuelo accepta cette façon de parler, après qu’elle eut fait à Anzoleto l’objection suivante : « Si tu te dis mon amoureux, c’est donc que tu veux te marier avec moi ? » et qu’il lui eut répondu : « Bien certainement, si tu le veux, nous nous marierons ensemble. »

Ce fut dès lors une chose arrêtée. Peut-être qu’Anzoleto s’en fit un jeu, tandis que Consuelo y crut de la meilleure foi du monde. Mais il est certain que déjà ce jeune cœur éprouvait ces sentiments contraires et ces émotions compliquées qui agitent et désunissent l’existence des hommes blasés.

Abandonné à des instincts violents, avide de plaisirs, n’aimant que ce qui servait à son bonheur, haïssant et fuyant tout ce qui s’opposait à sa joie, artiste jusqu’aux os, c’est-à-dire cherchant et sentant la vie avec une intensité effrayante, il trouva que ses maîtresses lui imposaient les souffrances et les dangers de passions qu’il n’éprouvait pas profondément. Cependant il les voyait de temps en temps, rappelé par ses désirs, repoussé bientôt après par la satiété ou le dépit. Et quand cet étrange enfant avait ainsi dépensé sans idéal et sans dignité l’excès de sa vie, il sentait le besoin d’une société douce et d’une expansion chaste et sereine. Il eût pu dire déjà, comme Jean-Jacques : « Tant il est vrai que ce qui nous attache le plus aux femmes est moins la débauche qu’un certain agrément de vivre auprès d’elles ! » Alors, sans se rendre compte du charme qui l’attirait vers Consuelo, n’ayant guère encore le sens du beau, et ne sachant si elle était laide ou jolie, enfant lui-même au point de s’amuser avec elle de jeux au-dessous de son âge, homme au point de respecter scrupuleusement ses quatorze ans,