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consuelo.

tère cellule, et qui fit un grand cri en la voyant paraître sans lumière et un peu pâle.

« Tranquillisez-vous, chère madame, lui dit la jeune fille ; c’est un nouvel événement assez bizarre, mais qui n’a rien d’effrayant : je viens de voir Zdenko entrer dans la chambre du comte Albert.

— Zdenko ! mais vous rêvez, ma chère enfant ; par où serait-il entré ? J’ai fermé toutes les portes avec le même soin qu’à l’ordinaire, et pendant tout le temps de votre course au Schreckenstein, je n’ai pas cessé de faire bonne garde ; le pont a été levé, et quand vous l’avez passé pour rentrer, je suis restée la dernière pour le faire relever.

— Quoi qu’il en soit, madame, Zdenko est dans la chambre du comte Albert. Il ne tient qu’à vous de venir vous en convaincre.

— J’y vais sur-le-champ, répondit la chanoinesse, et l’en chasser comme il le mérite. Il faut que ce misérable y soit entré pendant le jour. Mais quels desseins l’amènent ici ? Sans doute il cherche Albert, ou il vient l’attendre ; preuve, ma pauvre enfant, qu’il ne sait pas plus que nous où il est !

— Eh bien, allons toujours l’interroger, dit Consuelo.

— Un instant, un instant ! dit la chanoinesse qui, au moment de se mettre au lit, avait ôté deux de ses jupes, et qui se croyait trop légèrement vêtue, n’en ayant plus que trois ; je ne puis pas me présenter ainsi devant un homme, ma chère. Allez chercher le chapelain ou mon frère le baron, le premier que vous rencontrerez… Nous ne pouvons nous exposer seules vis-à-vis de cet homme en démence… Mais j’y songe ! une jeune personne comme vous ne peut aller frapper à la porte de ces messieurs… Allons, allons, je me dépêche ; dans un petit instant je serai prête. »