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souffrances, et, vaincue par la piété de sa fille, sentit son âme s’ouvrir à de plus douces émotions. Elle s’habitua à recevoir les soins d’Anzoleto, qui, malgré son peu de vocation pour ce rôle de dévouement, s’habitua de son côté à une sorte de zèle enjoué et de douceur complaisante envers la faiblesse et la souffrance. Anzoleto avait le caractère égal et les manières bienveillantes. Sa persévérance auprès d’elle et de Consuelo gagna enfin son cœur, et, à son heure dernière, elle leur fit jurer de ne se quitter jamais. Anzoleto le promit, et même il éprouva en cet instant solennel une sorte d’attendrissement sérieux qu’il ne connaissait pas encore. La mourante lui rendit cet engagement plus facile en lui disant : qu’elle soit ton amie, ta sœur, ta maîtresse ou ta femme, puisqu’elle ne connaît que toi et n’a jamais voulu écouter que toi, ne l’abandonne pas. — Puis, croyant donner à sa fille un conseil bien habile et bien salutaire, sans trop songer s’il était réalisable ou non, elle lui avait fait jurer en particulier, ainsi qu’on l’a vu déjà, de ne jamais s’abandonner à son amant avant la consécration religieuse du mariage. Consuelo l’avait juré, sans prévoir les obstacles que le caractère indépendant et irréligieux d’Anzoleto pourrait apporter à ce projet.

Devenue orpheline, Consuelo avait continué de travailler à l’aiguille pour vivre dans le présent, et d’étudier la musique pour s’associer à l’avenir d’Anzoleto. Depuis deux ans qu’elle vivait seule dans son grenier, il avait continué à la voir tous les jours, sans éprouver pour elle aucune passion, et sans pouvoir en éprouver pour d’autres femmes, tant la douceur de son intimité et l’agrément de vivre auprès d’elle lui semblaient préférables à tout.

Sans se rendre compte des hautes facultés de sa compagne, il avait acquis désormais assez de goût et de dis-