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consuelo.

« Bonne fille de Dieu, lui dit-il en allemand, je t’apprendrai ma langue et toutes mes chansons. Laquelle veux-tu que je te dise pour commencer ? »

Consuelo pensa devoir se prêter à sa fantaisie en se servant des mêmes figures pour l’interroger.

« Je veux que tu me chantes, lui dit-elle, la ballade du comte Albert.

— Il y a, répondit-il, plus de deux cent mille ballades sur mon frère Albert. Je ne puis pas te les apprendre ; tu ne les comprendrais pas. J’en fais tous les jours de nouvelles, qui ne ressemblent jamais aux anciennes. Demande-moi toute autre chose.

— Pourquoi ne te comprendrais-je pas ? Je suis la consolation. Je me nomme Consuelo pour toi, entends-tu ? et pour le comte Albert qui seul ici me connaît.

— Toi, Consuelo ? dit Zdenko avec un rire moqueur. Oh ! tu ne sais ce que tu dis. La délivrance est enchaînée

— Je sais cela. La consolation est impitoyable. Mais toi, tu ne sais rien, Zdenko. La délivrance a rompu ses chaînes, la consolation a brisé ses fers.

— Mensonge, mensonge ! folies, paroles allemandes ! reprit Zdenko en réprimant ses rires et ses gambades. Tu ne sais pas chanter.

— Si fait, je sais chanter, repartit Consuelo. Tiens, écoute. »

Et elle lui chanta la première phrase de sa chanson sur les trois montagnes, qu’elle avait bien retenue, avec les paroles qu’Amélie l’avait aidée à retrouver et à prononcer.

Zdenko l’écouta avec ravissement, et lui dit en soupirant :

« Je t’aime beaucoup, ma sœur, beaucoup, beaucoup ! Veux-tu que je t’apprenne une autre chanson ?