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consuelo.

sens, le vrai patron des êtres intelligents ? Dieu ; et celui des ignorants ? le diable ; car Dieu donnait la vie de l’âme, et proscrivait la vie des sens, vers laquelle Satan attirait toujours les hommes faibles et grossiers. Une secte mystérieuse et singulière rêva, entre beaucoup d’autres, de réhabiliter la vie de la chair, et de réunir dans un seul principe divin ces deux principes arbitrairement divisés. Elle voulut sanctionner l’amour, l’égalité, la communauté de tous, les éléments de bonheur. C’était une idée juste et sainte. Quels en furent les abus et les excès, il n’importe. Elle chercha donc à relever de son abjection le prétendu principe du mal, et à le rendre, au contraire, serviteur et agent du bien. Satan fut absous et réintégré par ces philosophes dans le chœur des esprits célestes ; et par de poétiques interprétations, ils affectèrent de regarder Michel et les archanges de sa milice comme des oppresseurs et des usurpateurs de gloire et de puissance. C’était bien vraiment la figure des pontifes et des princes de l’Église, de ceux qui avaient refoulé dans les fictions de l’enfer la religion de l’égalité et le principe du bonheur pour la famille humaine. Le sombre et triste Lucifer sortit donc des abîmes où il rugissait enchaîné, comme le divin Prométhée, depuis tant de siècles. Ses libérateurs n’osèrent l’invoquer hautement ; mais dans des formules mystérieuses et profondes, ils exprimèrent l’idée de son apothéose et de son règne futur sur l’humanité, trop longtemps détrônée, avilie et calomniée comme lui. Mais sans doute je vous fatigue avec ces explications. Pardonnez-les-moi, chère Consuelo. On m’a représenté à vous comme l’antéchrist et l’adorateur du démon ; je voulais me justifier, et me montrer à vous un peu moins superstitieux que ceux qui m’accusent.

— Vous ne fatiguez nullement mon attention, dit