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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/26

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consuelo.

galerie ténébreuse, où le travail de l’homme cesse entièrement, et qui se détourne des courants d’eau et de leur chute, en remontant vers des régions plus élevées.

C’est la route que Consuelo doit prendre. Il n’y en a point d’autre : l’eau a fermé et rempli entièrement celle qu’elle vient de suivre. Il est impossible d’attendre dans la grotte le retour de Zdenko. L’humidité en est mortelle, et déjà le flambeau pâlit, pétille et menace de s’éteindre sans pouvoir se rallumer.

Consuelo n’est point paralysée par l’horreur de cette situation. Elle pense bien qu’elle n’est plus sur la route du Schreckenstein. Ces galeries souterraines qui s’ouvrent devant elle sont un jeu de la nature, et conduisent à des impasses ou à un labyrinthe dont elle ne retrouvera jamais l’issue. Elle s’y hasardera pourtant, ne fût-ce que pour trouver un asile plus sain jusqu’à la nuit prochaine. La nuit prochaine, Zdenko reviendra ; il arrêtera le courant, la galerie sera vidée, et la captive pourra revenir sur ses pas et revoir la lumière des étoiles.

Consuelo s’enfonça donc dans les mystères du souterrain avec un nouveau courage, attentive cette fois à tous les accidents du sol, et s’attachant à suivre toujours les pentes ascendantes, sans se laisser détourner par les galeries en apparence plus spacieuses et plus directes qui s’offraient à chaque instant. De cette manière elle était sûre de ne plus rencontrer de courants d’eau, et de pouvoir revenir sur ses pas.

Elle marchait au milieu de mille obstacles : des pierres énormes encombraient sa route, et déchiraient ses pieds ; des chauves-souris gigantesques, arrachées de leur morne sommeil par la clarté de la lanterne, venaient par bataillons s’y frapper, et tourbillonner comme des esprits de ténèbres autour de la voyageuse. Après les premières