Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
consuelo.

avez l’accent étranger, quoique vous parliez l’allemand on ne peut mieux.

— Vous pourriez vous y tromper. Vous n’avez pas non plus la figure allemande, vous avez le teint d’un italien, et cependant…

— Oh ! vous êtes bien honnête, mademoiselle. J’ai le teint d’un africain, et mes camarades de chœur de Saint-Étienne avaient coutume de m’appeler le Maure. Mais pour en revenir à ce que je disais, quand je vous ai trouvée là dormant toute seule au milieu du bois, j’ai été un peu étonné. Et puis je me suis fait mille idées sur vous : c’est peut-être, pensais-je, ma bonne étoile qui m’a conduit ici pour y rencontrer une bonne âme qui peut m’être secourable. Enfin… vous dirai-je tout ?

— Dites sans rien craindre.

— Vous voyant trop bien habillée et trop blanche de visage pour une pauvre coureuse de chemins, voyant cependant que vous aviez un paquet, je me suis imaginé que vous deviez être quelque personne attachée à une autre personne étrangère… et artiste ! Oh ! une grande artiste, celle-là, que je cherche à voir, et dont la protection serait mon salut et ma joie. Voyons, mademoiselle, avouez-moi la vérité ! Vous êtes de quelque château voisin, et vous alliez ou vous veniez de faire quelque commission aux environs ? Et vous connaissez certainement, oh, oui ! vous devez connaître le château des Géants.

— Riesenburg ? Vous allez à Riesenburg ?

— Je cherche à y aller, du moins ; car je me suis si bien égaré dans ce maudit bois, malgré les indications qu’on m’avait données à Klatau, que je ne sais si j’en sortirai. Heureusement vous connaissez Riesenburg, et vous aurez la bonté de me dire si j’en suis encore bien loin.

— Mais que voulez-vous aller faire, à Riesenburg ?