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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/315

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consuelo.

préparèrent à suivre la rive septentrionale de la Moldaw, tandis que les deux autres entrèrent dans le bateau. Cette circonstance détermina Consuelo.

« Rencontre à droite, rencontre à gauche, dit-elle à Joseph ; autant vaut traverser, puisque c’était notre intention. »

Haydn hésitait encore et prétendait que ces gens avaient mauvaise mine, le parler haut et des manières brutales, lorsqu’un d’entre eux, qui semblait vouloir démentir cette opinion défavorable, fit arrêter le batelier, et, s’adressant à Consuelo :

« Hé ! mon enfant ! approchez donc, lui cria-t-il en allemand et en lui faisant signe d’un air de bienveillance enjouée ; le bateau n’est pas bien chargé, et vous pouvez passer avec nous, si vous en avez envie.

— Bien obligé, monsieur, répondit Haydn ; nous profiterons de votre permission.

— Allons, mes enfants, reprit celui qui avait déjà parlé, et que son compagnon appelait M. Mayer ; allons, sautez ! »

Joseph, à peine assis dans la barque, remarqua que les deux inconnus regardaient alternativement Consuelo et lui avec beaucoup d’attention et de curiosité. Cependant la figure de ce M. Mayer n’annonçait que douceur et gaieté ; sa voix était agréable, ses manières polies, et Consuelo prenait confiance dans ses cheveux grisonnants et dans son air paternel.

« Vous êtes musicien, mon garçon ? dit-il bientôt à cette dernière.

— Pour vous servir, mon bon monsieur, répondit Joseph.

— Vous aussi ? dit M. Mayer à Joseph ; et, lui montrant Consuelo : — C’est votre frère, sans doute ? ajouta-t-il.