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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/329

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consuelo.

avec un peu d’humeur ; allons, dégrisez-vous, et faisons nos adieux ; mais partons.

— La pluie tombe à torrents ; écoutez comme elle bat les vitres !

— J’espère que vous n’allez pas vous endormir sur cette table ? dit Consuelo en le secouant pour l’éveiller. »

M. Mayer rentra en cet instant.

« En voici bien d’une autre ! s’écria-t-il gaiement. Je croyais pouvoir coucher ici et repartir demain pour Chamb ; mais voilà mes amis qui me font rebrousser chemin, et qui prétendent que je leur suis nécessaire pour une affaire d’intérêt qu’ils ont à Passaw. Il faut que je cède ! Ma foi, mes enfants, si j’ai un conseil à vous donner, puisqu’il me faut renoncer au plaisir de vous emmener à Dresde, c’est de profiter de l’occasion. J’ai toujours deux places à vous donner dans ma chaise, ces messieurs ayant la leur. Nous serons demain matin à Passaw, qui n’est qu’à six milles d’ici. Là, je vous souhaiterai un bon voyage. Vous serez près de la frontière d’Autriche, et vous pourrez même descendre le Danube en bateau jusqu’à Vienne, à peu de frais et sans fatigue. »

Joseph trouva la proposition admirable pour reposer les pauvres pieds de Consuelo. L’occasion semblait bonne, en effet, et la navigation sur le Danube était une ressource à laquelle ils n’avaient point encore pensé. Consuelo accepta donc, voyant d’ailleurs que Joseph n’entendrait rien aux précautions à prendre pour la sécurité de leur gîte ce soir-là. Dans l’obscurité, retranchée au fond de la voiture, elle n’avait rien à craindre des observations de ses compagnons de voyage, et M. Mayer disait qu’on arriverait à Passaw avant le jour. Joseph fut enchanté de sa détermination. Cependant Consuelo éprouvait je ne sais quelle répugnance, et la tournure des