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consuelo.

« Ne sortons pas du bois, dit Joseph. Ils vont venir ici, et de cet endroit élevé ils nous verront dans quelque sens que nous marchions.

Consuelo hésita un instant, explora le pays d’un coup d’œil rapide, et lui dit :

« Le bois est trop petit pour nous cacher longtemps. Devant nous il y a une route, et l’espérance d’y rencontrer quelqu’un.

— Eh ! s’écria Joseph, c’est la même route que nous suivions tout à l’heure. Voyez ! elle fait le tour de la colline et remonte sur la droite vers le lieu d’où nous sommes partis. Que l’un des trois monte à cheval, et il nous rattrapera avant que nous ayons gagné le bas du terrain.

— C’est ce qu’il faut voir, dit Consuelo. On court vite en descendant. Je vois quelque chose là-bas sur le chemin, quelque chose qui monte de ce côté. Il ne s’agit que de l’atteindre avant d’être atteints nous-mêmes. Allons ! »

Il n’y avait pas de temps à perdre en délibérations. Joseph se fia aux inspirations de Consuelo : la colline fut descendue par eux en un instant, et ils avaient gagné les premiers massifs, lorsqu’ils entendirent les voix de leurs ennemis à la lisière du bois. Cette fois, ils se gardèrent de répondre, et coururent encore, à la faveur des arbres et des buissons, jusqu’à ce qu’ils rencontrèrent un ruisseau encaissé, que ces mêmes arbres leur avaient caché. Une longue planche servait de pont ; ils traversèrent, et jetèrent ensuite la planche au fond de l’eau.

Arrivés à l’autre rive, ils la descendirent, toujours protégés par une épaisse végétation ; et, ne s’entendant plus appeler, ils jugèrent qu’on avait perdu leurs traces, ou bien qu’on ne se méprenait plus sur leurs intentions, et qu’on cherchait à les atteindre par surprise. Mais