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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 2.djvu/35

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consuelo.

dont elle était animée. Elle mit pourtant la clef dans la serrure ; mais elle essaya plus de dix fois de l’y faire tourner sans pouvoir s’y résoudre. Une fatigue accablante, une défaillance extrême de tout son être, achevaient de lui faire perdre sa résolution au moment d’en recevoir le prix : sur la terre, par un grand acte de charité ; dans le ciel, par une mort sublime.

XLII.

Cependant elle prit son parti. Elle avait trois clefs. Il y avait donc trois portes et deux pièces à traverser avant celle où elle supposait Albert prisonnier. Elle aurait encore le temps de s’arrêter, si la force lui manquait.

Elle pénétra dans une salle voûtée, qui n’offrait d’autre ameublement qu’un lit de fougère sèche sur lequel était jetée une peau de mouton. Une paire de chaussures à l’ancienne mode, dans un délabrement remarquable, lui servit d’indice pour reconnaître la chambre à coucher de Zdenko. Elle reconnut aussi le petit panier qu’elle avait porté rempli de fruits sur la pierre d’Épouvante, et qui, au bout de deux jours, en avait enfin disparu. Elle se décida à ouvrir la seconde porte, après avoir refermé la première avec soin ; car elle songeait toujours avec effroi au retour possible du possesseur farouche de cette demeure. La seconde pièce où elle entra était voûtée comme la première, mais les murs étaient revêtus de nattes et de claies garnies de mousse. Un poêle y répandait une chaleur suffisante, et c’était sans doute le tuyau creusé dans le roc qui produisait au sommet du Schreckenstein cette lueur fugitive que Consuelo avait observée. Le lit d’Albert était, comme celui de Zdenko, formé d’un amas de feuilles et d’herbes desséchées ; mais