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consuelo.

Vous me révélerez le ciel, mon ami, et moi je vous rappellerai, quand il le faudra, les choses terrestres et les devoirs de la vie humaine.

— Divine sœur ! dit Albert, les yeux noyés de larmes délicieuses, va ! Je n’ai rien à t’apprendre, et c’est toi qui dois me confesser, me connaître, et me régénérer ! C’est toi qui m’enseigneras tout, même la prière. Ah ! je n’ai plus besoin d’être seul pour élever mon âme à Dieu. Je n’ai plus besoin de me prosterner sur les ossements de mes pères, pour comprendre et sentir l’immortalité. Il me suffit de te regarder pour que mon âme vivifiée monte vers le ciel comme un hymne de reconnaissance et un encens de purification. »

Consuelo l’entraîna ; elle-même ouvrit et referma les portes.

« À moi, Cynabre ! » dit Albert à son fidèle compagnon en lui présentant une lanterne, mieux construite que celle dont s’était munie Consuelo, et mieux appropriée au genre de voyage qu’elle devait protéger.

L’animal intelligent prit d’un air de fierté satisfaite l’anse du fanal, et se mit à marcher en avant d’un pas égal, s’arrêtant chaque fois que son maître s’arrêtait, hâtant ou ralentissant son allure au gré de la sienne, et gardant le milieu du chemin, pour ne jamais compromettre son précieux dépôt en le heurtant contre les rochers et les broussailles.

Consuelo avait bien de la peine à marcher ; elle se sentait brisée ; et sans le bras d’Albert, qui la soutenait et l’enlevait à chaque instant, elle serait tombée dix fois. Ils redescendirent ensemble le courant de la source, en côtoyant ses marges gracieuses et fraîches.

« C’est Zdenko, lui dit Albert, qui soigne avec amour la naïade de ces grottes mystérieuses. Il aplanit son lit souvent encombré de gravier et de coquillages. Il en-