a escamoté son succès dans l’opéra tout aussi légitimement que dans la cantate. »
Le Porpora faisait allusion à un vol scandaleux qui avait mis en émoi tout le monde musical ; le Buononcini s’étant attribué en Angleterre la gloire d’une composition que Lotti avait faite trente ans auparavant, et qu’il avait réussi à prouver sienne d’une manière éclatante, après un long débat avec l’effronté maestro. La Wilhelmine essaya de défendre le Buononcini, et cette contradiction ayant enflammé la bile du Porpora :
« Je vous dis, je vous soutiens, s’écria-t-il sans se soucier d’être entendu de Buononcini, que Hændel est supérieur, même dans l’opéra, à tous les hommes du passé et du présent. Je veux vous le prouver sur l’heure. Consuelo, mets-toi au piano, et chante-nous l’air que je te désignerai.
— Je meurs d’envie d’entendre l’admirable Porporina, reprit la Wilhelmine ; mais je vous supplie, qu’elle ne débute pas ici, en présence du Buononcini et de M. Holzbaüer, par du Hændel. Ils ne pourraient être flattés d’un pareil choix…
— Je le crois bien, dit Porpora, c’est leur condamnation vivante, leur arrêt de mort !
— Eh bien, en ce cas, reprit-elle, faites chanter quelque chose de vous, maître !
— Vous savez, sans doute, que cela n’exciterait la jalousie de personne ! mais moi, je veux qu’elle chante du Hændel ! je le veux !
— Maître, n’exigez pas que je chante aujourd’hui, dit Consuelo, j’arrive d’un long voyage…
— Certainement, ce serait abuser de son obligeance, et je ne lui demande rien, moi, reprit Wilhelmine. En présence des juges qui sont ici, et de M. Holzbaüer surtout, qui a la direction du théâtre impérial, il ne