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Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/208

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consuelo.

encore donner quelques leçons en ville pour ne pas perdre sa mince clientèle, il se promit de mettre à profit, sans tarder, cette excellence démonstration.

« À la bonne heure, monsieur le professeur ! dit-il au Porpora en continuant à jouer la niaiserie à la fin de la leçon ; j’aime mieux cette musique-là que l’autre, et je crois que je pourrais l’apprendre ; mais quant à celle de ce matin, j’aimerais mieux retourner à la maîtrise que d’essayer d’y mordre.

— Et c’est pourtant la même qu’on t’enseignait à la maîtrise. Est-ce qu’il y a deux musiques, benêt ! Il n’y a qu’une musique, comme il n’y a qu’un Dieu.

— Oh ! je vous demande bien pardon, monsieur ! il y a la musique de maître Reuter, qui m’ennuie, et la vôtre, qui ne m’ennuie pas.

— C’est bien de l’honneur pour moi, seigneur Beppo, » dit en riant le Porpora, à qui le compliment ne déplut point.

À partir de ce jour, Haydn reçut les leçons du Porpora, et bientôt ils arrivèrent aux études du chant italien et aux idées mères de la composition lyrique ; c’était ce que le noble jeune homme avait souhaité avec tant d’ardeur et poursuivi avec tant de courage. Il fit de si rapides progrès, que le maître était à la fois charmé, surpris, et parfois effrayé. Lorsque Consuelo voyait ses anciennes méfiances prêtes à renaître, elle dictait à son jeune ami la conduite qu’il fallait tenir pour les dissiper. Un peu de résistance, une préoccupation feinte, étaient parfois nécessaires pour que le génie et la passion de l’enseignement se réveillassent chez le Porpora, ainsi qu’il arrive toujours à l’exercice des hautes facultés, qu’un peu d’obstacle et de lutte rendent plus énergique et plus puissant. Il arriva souvent à Joseph d’être forcé de jouer la langueur et le dépit pour obtenir, en feignant de s’y