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consuelo.

LXXX.

Cependant Consuelo souhaita le bonsoir à Joseph, et se retira dans sa chambre sans lui avoir donné, comme il s’y attendait, le signal du départ pour le retour de l’aube. Elle avait ses raisons pour ne pas se hâter, et Joseph attendit qu’elle les lui confiât, enchanté de passer quelques heures de plus avec elle dans cette jolie maison, tout en menant cette bonne vie de chanoine qui ne lui déplaisait pas. Consuelo se permit de dormir la grasse matinée, et de ne paraître qu’au second déjeuner du chanoine. Celui-ci avait l’habitude de se lever de bonne heure, de prendre un repas léger et friand, de se promener dans ses jardins et dans ses serres pour examiner ses plantes, un bréviaire à la main, et d’aller faire un second somme en attendant le déjeuner à la fourchette.

« Notre voisine la voyageuse se porte bien, dit-il à ses jeunes hôtes dès qu’il les vit paraître. J’ai envoyé André lui faire son déjeuner. Elle a exprimé beaucoup de reconnaissance pour nos attentions, et, comme elle se dispose à partir aujourd’hui pour Vienne, contre toute prudence, je l’avoue, elle vous fait prier d’aller la voir, afin de vous récompenser du zèle charitable que vous lui avez montré. Ainsi, mes enfants, déjeunez vite, et rendez-vous auprès d’elle ; sans doute elle vous destine quelque joli présent.

— Nous déjeunerons aussi lentement qu’il vous plaira, monsieur le chanoine, répondit Consuelo, et nous n’irons pas voir la malade ; elle n’a plus besoin de nous, et nous n’aurons jamais besoin de ses présents.

— Singulier enfant ! dit le chanoine émerveillé. Ton désintéressement romanesque, ta générosité enthou-