Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/132

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aussi avec une rare élégance. Du haut de ces portes à jour, des mains invisibles faisaient pleuvoir sur moi une neige odorante de fleurs de jasmin et d’oranger.

» On s’arrêta sur une grande place palissadée en arène pour me faire assister aux jeux et aux danses. Je pris plaisir à tout ce qui était agréable et fastueux ; mais j’eus horreur des combats d’animaux, et, en voyant deux éléphants, rendus furieux par une nourriture et un entraînement particuliers, tordre avec rage leurs trompes enlacées et se déchirer avec leurs défenses, je quittai la place d’honneur que j’occupais et m’élançai au milieu de l’arène pour séparer les combattants. Aor n’avait pas eu le temps de me retenir, et des cris de désespoir s’élevèrent de toutes parts. On craignait que les adversaires ne fondissent sur moi ; mais à peine me virent-il près d’eux, que leur rage tomba comme par enchantement et qu’ils s’enfuirent éperdus et humiliés. Aor, qui m’avait lestement rejoint, déclara que je ne pouvais supporter la vue du sang et que d’ailleurs, après un voyage de plus de cinq cents lieues,