Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/143

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mettre en fuite et dont je ne craignais ni les lances ni les flèches, revêtu que j’étais d’une légère armure en écailles de bois de fer qu’Aor avait su me fabriquer, nous parvînmes au fleuve Tenasserim. Notre direction n’avait pas été difficile à suivre. Outre que nous nous rappelions très bien l’un et l’autre ce voyage que nous avions déjà fait, la construction géologique de l’Indochine est très simple. Les longues arêtes de montagnes, séparées par des vallées profondes et de larges fleuves, se ramifient médiocrement et s’inclinent sans point d’arrêt sensible jusqu’à la mer. Les monts Karens se relient aux monts Moghs en ligne presque droite. Nous fîmes très rarement fausse route, et nos erreurs furent rapidement rectifiées. Je dois dire que, de nous deux, j’étais toujours le plus prompt à retrouver la vraie direction.

» Nous n’approchâmes de nos anciennes demeures qu’avec circonspection. Il nous fallait vivre seuls et en liberté complète. Nous fûmes servis à souhait. La tribu, enrichie par la vente de ma personne à l’ancien roi des Birmans, avait quitté