Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/180

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— Ce n’est pas de vous, lui répondis-je, car nos voix devenues titanesques couvraient les tonnerres de l’instrument fantastique ; non, ce n’est pas de vous, c’est de moi.


Et je continuais à développer le motif étrange, sublime ou stupide, qui surgissait dans mon cerveau. Maître Jean soufflait toujours avec fureur et je jouais toujours avec transport ; l’orgue rugissait, le titan ne bougeait pas ; j’étais ivre d’orgueil et de joie, je me croyais à l’orgue de la cathédrale de Clermont, charmant une foule enthousiaste, lorsqu’un bruit sec et strident comme celui d’une vitre brisée m’arrêta net. Un fracas épouvantable et qui n’avait plus rien de musical, se produisit au-dessus de moi, il me sembla que la roche Sanadoire oscillait sur sa base. Le clavier reculait et le sol se dérobait sous mes pieds. Je tombai à la renverse et je roulai au milieu d’une pluie de pierres. Les basaltes s’écroulaient, maître Jean, lancé avec l’arbuste qu’il avait déraciné, disparaissait sous les débris : nous étions foudroyés.


Ne me demandez pas ce que je pensai et ce