Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/194

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rose n’a guère plus de deux cents pétales et nous en avons jusqu’à cinq cents. Quant aux couleurs, nous avons le violet et presque le bleu pur que la rose ne trouvera jamais.

— Moi, dit un grand pied d’alouette vivace, moi le prince Delphinium, j’ai l’azur des cieux dans ma corolle, et mes nombreux parents ont toutes les nuances du rose. La prétendue reine des fleurs a donc beaucoup à nous envier, et, quant à son parfum si vanté…

— Ne parlez pas de cela, reprit vivement le coquelicot. Les hâbleries du parfum me portent sur les nerfs. Qu’est-ce, je vous prie, que le parfum ? Une convention établie par les jardiniers et les papillons. Moi, je trouve que la rose sent mauvais et que c’est moi qui embaume.

— Nous ne sentons rien, dit la marguerite, et je crois que par là nous faisons preuve de tenue et de bon goût. Les odeurs sont des indiscrétions ou des vanteries. Une plante qui se respecte ne s’annonce point par des émanations. Sa beauté doit lui suffire.

— Je ne suis pas de votre avis, s’écria un