Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/219

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jusqu’alors inconnu à une industrie encore privée de meules ; et, pour porter au comble la satisfaction de l’homme bleu, un des fils de l’armurier, enfant très adroit et très artiste, dessina avec une pointe faite d’un éclat, la figure d’un daim sur un des côtés de la lame. Un autre, apprenti très habile au montage, enchâssa l’arme dans un manche de bois fendu par le milieu et assujetti aux extrémités par des cordes de fibres végétales très finement tressées et d’une solidité à toute épreuve.

L’homme bleu donna douze peaux de daim pour cette merveille et l’emporta, triomphant, dans sa mardelle immense, car il était un grand chef de clan, enrichi à la chasse et souvent victorieux à la guerre.

Vous savez ce qu’est une mardelle : vous avez vu ces grands trous béants au milieu de nos champs aujourd’hui cultivés, jadis couverts d’étangs et de forêts. Plusieurs ont de l’eau au fond tandis qu’à un niveau plus élevé, on a trouvé des cendres, des os, des débris de poteries et des pierres disposées en foyer.