Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/221

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chez ses clients, les arbres jetés en guise de ponts, se chauffa à tous les foyers, causa amicalement avec tout le monde, montrant sa merveilleuse hache rose, et laissant volontiers croire qu’il l’avait reçue en présent de quelque divinité. Si on le crut, ou si l’on feignit de le croire, je l’ignore ; mais la hache rose fut regardée comme un talisman d’une invincible puissance, et, lorsque l’ennemi se présenta pour envahir la tribu, tous se portèrent au combat avec un confiance exaltée. La confiance fait la bravoure et la bravoure fait la force. L’ennemi fut écrasé, la hache rose du grand chef devint pourpre dans le sang des vaincus. Une gloire nouvelle couronna les anciennes gloires de l’homme bleu, et, dans sa terreur, l’ennemi lui donna le nom de Marteau-Rouge, que sa tribu et ses descendants portèrent après lui.

Ce marteau lui porta bonheur car il fut vainqueur dans toutes ses guerres comme dans toutes ses chasses, et mourut, plein de jours, sans avoir été victime d’aucun des hasards de sa vie belliqueuse. On l’enterra sous une énorme butte de