Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/229

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amateurs émerveillés : et tout cela pour devenir carotte fictive dans les mains d’un enfant, sans pouvoir seulement éveiller l’appétit dédaigneux d’une poupée !

Le marteau rouge n’était pourtant pas absolument anéanti. Il en était resté un morceau gros comme une noix que le valet de chambre ramassa en balayant et qu’il vendit cinquante centimes au lapidaire. Avec ce dernier fragment, le lapidaire fit trois bagues qu’il vendit un franc chacune. C’est très joli, une bague de cornaline, mais c’est vite cassé et perdu. Une seule existe encore, elle a été donnée à une petite fille soigneuse qui la conserve précieusement sans se douter qu’elle possède la dernière parcelle du fameux marteau rouge, lequel n’était lui-même qu’une parcelle de la roche aux fées.

Tel est le sort des choses. Elles n’existent que par le prix que nous y attachons, elles n’ont point d’âme qui les fasse renaître, elles deviennent poussière ; mais, sous cette forme, tout ce qui possède la vie les utilise encore. La vie se sert de tout, et ce que le temps et l’homme