Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/266

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Je ne sais trop alors ce qui se passa. Le gnome était d’une force surhumaine ; je me trouvai étendu par terre, et, alors, ne me connaissant plus, je ramassai la redoutable ostrea pes-leonis pour la lui lancer.

Il prit la fuite et fit bien. Je me relevai et me hâtai de sortir de l’espèce d’antre qu’il appelait son musée, et je me trouvai sur le bord de la mer, face à face avec le garçon de l’hôtel où j’avais déjeuné.

— Si monsieur désire des huîtres, me dit-il, nous en aurons à dîner. On m’en a promis douze douzaines.

— Au diable les huîtres ! m’écriai-je. Qu’on ne m’en parle plus jamais ! Oui, que le diable les emporte toutes, depuis la matercula des terres cuivreuses jusqu’à l’ædulis des temps modernes !

Le garçon me regarda d’un air stupéfait. Puis, d’un ton de sérénité philosophique :

— Je vois ce que c’est, dit-il. Le sauterne était un peu fort ; ce soir, on servira du chablis à monsieur.