Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/291

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l’idée saine des lois de l’univers. Elles croient que tout a été créé pour l’homme et que ce qu’il ne voit pas ou ne comprend pas, ne devrait pas exister. Mais moi, la fée aux gros yeux, comme on m’appelle, je sais que ce qui est simplement beau et aussi important que ce que l’homme utilise, et je me réjouis quand je contemple des choses ou des êtres merveilleux dont personne ne songe à tirer parti. Mes chers petits papillons sont répandus par milliers de milliards sur la terre, ils vivent modestement en famille sur une petite feuille, et personne n’a encore eu l’idée de les tourmenter.

— Fort bien, dit Elsie, mais les oiseaux, les fauvettes, les rossignols s’en nourrissent, sans compter les chauves-souris !

— Les chauves-souris ! Ah ! vous m’y faites songer ! La lumière qui attire mes pauvres petits amis et qui me permet de les contempler, attire aussi ces horribles bêtes qui rôdent des nuits entières, la gueule ouverte, avalant tout ce qu’elles rencontrent. Allons, le bal est fini, éteignons cette lampe. Je vais allumer ma lanterne, car