Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/37

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veut ; mais personne ne les fait aussi bien que moi, car je m’entends mieux que personne à paraître incapable de gagner ma vie ».

— Le fait est, répondit Emmi, que jamais je ne vous aurais crue capable de parler comme vous faites.

— Oui, oui, reprit la Catiche en riant, tu as voulu m’attraper et m’effrayer en descendant de ton arbre, coiffé en loup-garou, pour avoir du pain. Moi, je faisais semblant d’avoir peur, mais je te reconnaissais bien et je me disais : « Voilà un pauvre gars qui viendra quelque jour à Oursines-les-Bois, et qui sera bien content de manger ma soupe ».

En devisant ainsi, Emmi et la Catiche arrivèrent à Oursines-les-Bois ; c’était le nom de l’endroit où demeurait la fausse idiote et qu’Emmi avait déjà vu.

Il n’y avait pas une âme dans ce triste hameau. Les animaux paissaient çà et là, sans être gardés, sur une lande fertile en chardons, qui était toute la propriété communale des habitants. Une malpropreté révoltante dans les chemins boueux