Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/49

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Tout en mangeant ensemble, Vincent fit raconter à Emmi toute son histoire. Quand ce fut terminé, il lui dit :

— Je vois que tu as bonne tête et bon cœur, puisque tu ne t’es pas laissé tenter par les louis d’or de cette Catiche, et que pourtant tu n’as pas voulu l’envoyer en prison. Oublie-la et ne quitte plus ta forêt, puisque tu y es bien. Il ne tient qu’à toi de ne plus y être tout à fait seul. Tu sauras que j’y vais pour préparer les logements d’une vingtaine d’ouvriers qui se disposent à abattre le taillis entre Cernas et la Planchette.

— Ah ! vous allez abattre la forêt ? dit Emmi consterné.

— Non ! nous faisons seulement une coupe dans une partie qui ne touche point à ton refuge du chêne parlant, et je sais qu’on ne touchera ni aujourd’hui, ni demain, à la région des vieux arbres. Sois donc tranquille, on ne te dérangera pas ; mais, si tu m’en crois, mon petit, tu viendras travailler avec nous. Tu n’es pas assez fort pour manier la serpe et la cognée ; mais, si tu es adroit, tu pourras très-bien préparer les liens