Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/55

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des goûts et le choix des habitudes. Il pensait à tous ces gueux d’Oursines-les-Bois, qui se croyaient riches parce qu’ils cachaient des louis d’or dans leurs paillasses et qui vivaient dans la honte et l’infection, tandis que lui tout seul, sans mendier, il avait dormi plus d’une année dans un palais de feuillage, au parfum des violettes et des mélites, au chant des rossignols et des fauvettes, sans souffrir de rien, sans être humilié par personne, sans disputes, sans maladies, sans rien de faux et de mauvais dans le cœur.

— Tous ces gens d’Oursines, à commencer par la Catiche, se disait-il, ont plus d’argent qu’il ne leur en faudrait pour se bâtir de bonnes petites maisons, cultiver de gentils jardins, élever du bétail sain et propre ; mais la paresse les empêche de jouir de ce qu’ils ont, ils se laissent croupir dans l’ignominie. Ils sont comme fiers du dégoût et du mépris qu’ils inspirent, ils se moquent des braves gens qui ont pitié d’eux, ils volent les vrais pauvres, ceux qui souffrent sans se plaindre. Il se cachent pour compter leur argent et périssent de misère. Quelle folie triste