Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/57

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cime des arbres. Celle du chêne semblait dire :

— Reste tranquille, Emmi ; sois tranquille et content, petit Emmi.

« Tous les arbres parlent », lui avait dit la Catiche.

— C’est vrai, pensait-il, ils ont tous leur voix et leur manière de gémir ou de chanter ; mais ils ne savent ce qu’ils disent, à ce que prétend cette sorcière. Elle ment : les arbres se plaignent ou se réjouissent innocemment. Elle ne peut pas les comprendre, elle qui ne pense qu’au mal !

Emmi fut aux coupes à l’heure dite et y travailla tout l’été et tout l’hiver suivant. Tous les samedis soir, il allait coucher dans son chêne. Le dimanche, il faisait une courte visite aux habitants de Cernas et revenait à son gîte jusqu’au lundi matin. Il grandissait et restait mince et léger, mais se tenait très-proprement et avait une jolie mine éveillée et aimable qui plaisait à tout le monde. Le père Vincent lui apprenait à lire et à compter. On faisait cas de son esprit, et sa tante, qui n’avait pas d’enfants, eût souhaité le retenir auprès d’elle pour lui faire honneur et