Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/66

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Quand il fut de retour à la coupe, le père Vincent lui dit :

— Tu es trop jeune pour avoir cet argent-là. Tu n’en saurais pas tirer parti, ou tu te laisserais voler. Si tu m’agrées pour tuteur, je le placerai pour le mieux, et je t’en servirai la rente jusqu’à ta majorité.

— Faites-en ce qu’il vous plaira, répondit Emmi ; je m’en rapporte à vous. Pourtant, si c’est de l’argent volé, comme la vieille s’en vantait, ne vaudrait-il pas mieux essayer de le rendre ?

— Le rendre à qui ? Ç’a a été volé sous par sou, puisque cette femme obtenait la charité en trompant le monde et en chipant deçà et delà on ne sait à qui, des choses que nous ne savons pas, et que personne ne songe plus à réclamer. L’argent n’est pas coupable, la honte est pour ceux qui en font mauvais emploi. La Catiche était une champie, elle n’avait pas de famille, elle n’a pas laissé d’héritier ; elle te donne son bien, non pas pour te remercier d’avoir fait quelque chose de mal, mais au con-