Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/119

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— Vous me les montrerez, reprit Diane. Je n’y connais pas grand’chose ; pourtant je pourrai distinguer celles qui sont intéressantes, et, avec l’aide du docteur Féron, qui est très-savant… qui sait ? j’ai la main heureuse à ce qu’il prétend. Peut-être possédez-vous à votre insu un petit trésor.

— Que je vous donnerai pour rien de bon cœur, ma chère Diane ! Tout cela c’est du cuivre, de l’or très-mince, ou de l’argent noirci.

— Ce n’est pas une raison ! S’il y a là quelque chose de précieux, je vous le dirai plus tard et vous en restituerai la valeur.

Elle vit les médailles recueillies autrefois par le marquis et jetées dans un coin de son habitation où l’on eut quelque peine à les retrouver. Diane jugea qu’elles n’étaient pas toutes sans valeur et se chargea de les faire examiner par des personnes compétentes. Elle ne voulut pas nettoyer celle qu’elle avait ramassée, craignant de la gâter, et attachant je ne sais quelle idée superstitieuse à sa trouvaille personnelle. Elle l’enveloppa dans du papier et la mit dans sa malle avec les autres.

Le lendemain elle alla voir lever le soleil au haut de la montagne ; elle était seule et marchait au hasard. Elle se trouva dans une anfractuosité de rocher, en face d’une admirable petite cascade qui s’élançait brillante et joyeuse au milieu des rosiers sauvages et des clématites à houpes soyeuses. Le soleil oblique envoyait un rayon rose sur ce détail exquis du tableau, et, pour la première fois, Diane sentit l’ivresse de la couleur. Comme la montagne