Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/184

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grand étonnement de voir Sylvaine. — Je t’attendais presque, lui dit-elle en l’embrassant, j’avais rêvé de toi et de ta fille. Voyons si elle est comme je l’ai vue dans mon rêve.

Catherine s’approcha ; la tante Colette la regarda avec de grands yeux gris très-clairs qui semblaient voir les gens jusqu’au fond de l’âme, puis elle l’embrassa en lui disant : — C’est très-bien, très-bien ! Je suis contente que cette enfant soit venue au monde.

Quand les voyageuses furent un peu reposées, elle leur montra toute sa résidence.

La maison qui paraissait petite de loin était grande, vue de près. Elle était tout en bois, mais en si beau bois de sapin et si bien bâtie qu’elle était très-solide. Les grosses pierres posées sur le toit empêchaient le vent d’enlever ou de trop secouer la charpente. Tout était fort propre à l’intérieur et les meubles cirés et reluisants faisaient plaisir à voir. Il y avait beaucoup de vaisselle et d’ustensiles de cuivre, pour lits, des caisses de bois remplies de laine et de crin avec de beaux draps blancs et de bonnes couvertures, car il ne faisait jamais chaud dans cet endroit-là. On y faisait du feu tout l’été, et le bois ne manquait point. Une bonne partie des arbres qui entouraient la prairie appartenait, comme la prairie elle-même, à la tante Colette, et dans cette prairie qui était fort grande, elle nourrissait de belles vaches, quelques chèvres et un petit âne pour faire les transports. Il y avait un jeune garçon pour soigner les bêtes et une jeune fille pour faire le ménage et aller aux commissions, car la tante Colette aimait à