Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/193

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qu’elle s’éblouissait les yeux à regarder tous les diamants qu’elle charriait au soleil. Elle n’osait pourtant pas la traverser en sautant de pierre en pierre comme faisait Renée ; mais elle s’y habitua vite, et au bout de deux heures c’était un jeu pour elle.

Elle voulut aussi monter un peu sur le glacier. Renée lui montra jusqu’où on pouvait aller sans danger de rencontrer des crevasses et lui enseigna la manière de marcher sans glisser. À la fin de la journée, Catherine était tout enhardie, et même elle savait quelques mots du patois de la montagne.

Comme tout était nouveau pour elle, elle s’amusa beaucoup et prit la montagne en si grande amitié qu’elle eut un vrai chagrin quand Sylvaine lui parla le lendemain de s’en retourner dans son pays. La tante Colette était si douce, si indulgente ! Catherine l’aimait encore plus que la montagne.

— Eh bien ! ma fille, lui dit Sylvaine, il y a un moyen de te contenter, c’est de rester ici. Ta grand’tante désire te garder et elle m’a promis de t’apprendre à carder et à filer aussi bien qu’elle ; mais il faut du temps et de la patience, et, comme je te connais un peu trop vive et sujette à changer d’idées, j’ai dit non. Pourtant, si tu te crois capable d’apprendre à filer aussi bien que ta tante, comme tu as déjà réussi à filer aussi bien que moi, je ne dois pas m’opposer à ce que tu deviennes riche et heureuse comme elle. C’est à toi de te consulter.

La première idée de Catherine fut d’embrasser sa mère en lui jurant qu’elle ne voulait pas la quitter ; mais le lendemain, Sylvaine lui ayant dit que c’était