Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus élevé, comme le coq d’une girouette sur un clocher.

Au bout d’un moment, cette boule s’enleva et monta en se faisant toujours plus petite jusqu’à ce qu’elle devînt toute rose, et Catherine l’entendit chanter d’une voix pure comme le cristal, et sur un air le plus joli du monde : « Bonjour, Catherine ; Catherine, me reconnais-tu ? »

— Oui, oui, s’écria Catherine : je te reconnais, je t’ai porté dans mon tablier ! Tu es mon petit ami, le nuage rose, celui qui parle et dont j’entends à présent les paroles. Cher petit nuage, tu es un peu fou, tu as cassé mon beau pommier fleuri, mais je te pardonne ! tu es si rose, et je t’aime tant !

Le nuage répondit : — Ce n’est pas moi, Catherine, qui ai cassé ton pommier fleuri, c’est le tonnerre, un méchant qui se loge dans mon cœur et qui me force à devenir fou ; mais, vois, comme je suis doux et tranquille quand tu me regardes avec amitié ! ne viendras-tu pas quelque jour sur le haut du glacier ? Ce n’est pas si difficile qu’on te l’a dit ; c’est même très-aisé, tu n’as qu’à vouloir. Je serai là d’ailleurs, et si tu tombes, tu tomberas sur moi, je te soutiendrai pour que tu n’aies pas de mal. Viens demain, Catherine, viens dès le lever du jour. Je t’attendrai toute la nuit, et si tu ne viens pas, j’aurai tant de chagrin que je me fondrai en grosses larmes et qu’il y aura de la pluie toute la journée.

— J’irai ! s’écria Catherine, j’irai, bien sûr !

À peine eut-elle fait cette réponse, qu’elle entendit un bruit comme un coup de canon suivi d’un éclate-