l’inquiéter un peu. Autrefois, disait quelqu’un, on trouvait ces bêtes sur les arbres de la grande falaise ; mais depuis qu’il en est tombé un grand morceau dans la mer et qu’il n’y a plus d’arbres pour retenir les terres, on n’y va plus. On prétend que le poids d’une personne suffirait pour faire ébouler le reste. Clopinet s’en alla un peu tourmenté, lui qui demeurait dans cette falaise et qui presque tous les matins montait au faîte !
La nuit, il eut peur. Il y eut de la houle, et le bruit de la mer arrivait à lui comme par rafales ; à chaque instant il s’éveillait, croyant que c’était la falaise qui s’écroulait. Il avait trop bien examiné l’endroit pour n’être pas sûr que son ermitage était absolument de la même nature que les gros cailloux appelés les Vaches-Noires et les Vaches-Blanches, lesquels avaient été autrefois portés par les terres et s’étaient écroulés avec elles. La mer continuait à ronger le pied des dunes, et chaque hiver, disait-on, elle en mangeait de bons morceaux. Ces gros cailloux qui paraissaient faire la sécurité du refuge de Clopinet pouvaient bien reposer sur un sol aussi fragile que les terres qui le couvraient ; puis, à supposer qu’elles ne dussent pas se dérober sous lui, celles d’au-dessus pouvaient s’effondrer, lui fermer le passage et l’ensevelir vivant dans sa grotte. Il ne dormit guère, car, à mesure que la réflexion lui venait, il sentait bien que, si le raisonnement est une chose nécessaire, il est aussi une chose triste et une source de mille appréhensions. Heureusement cet enfant-là avait dans la tête une passion qui était plus forte que