Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/289

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mena donc au château du baron, et le présenta lui-même comme un garçon capable, entendu et laborieux.

— Je n’en doute pas, répondit poliment le baron, mais c’est un enfant. Il est très-propre et très-gentil, mais c’est un petit paysan qui ne sait rien.

— Monsieur le baron, qui sait tout, répliqua gracieusement l’apothicaire, lui apprendra ce qu’il voudra. Monsieur le baron n’a point d’enfant et pourrait s’occuper de celui-ci, qui lui deviendra un bon et fidèle serviteur ; j’engage fort monsieur le baron à mettre la main sur lui tout de suite, car M. le curé ne le laissera pas échapper, dès qu’il verra les préparations qu’il sait faire.

Là-dessus l’apothicaire ouvrit la boîte qu’il avait apportée, et plaça sur la table trois sujets différents, à chacun desquels Clopinet avait su si bien donner la physionomie qui lui était propre, que le baron, qui s’y connaissait, jeta des cris de surprise et d’admiration. — Je vois bien, dit-il, que ce n’est point vous, monsieur l’apothicaire, qui avez fait ce travail excellent. Pouvez-vous me jurer que c’est tout de bon l’enfant que voici ?

— Je le jure, monsieur le baron.

— Lui tout seul ?

— Lui tout seul.

— Eh bien ! je le prends ; laissez-le-moi, il n’aura point à regretter d’être à mon service.