peut la raccommoder demain ou vous en procurer une autre, vous ne serez retardé que de quelques heures dans votre voyage, puisque vous deviez passer la nuit à Saint-Jean-Gardonenque. Peut-être que vous êtes attendu quelque part et que vous craignez d’inquiéter les personnes en n’arrivant pas au jour dit ?
— Certainement, répondit Flochardet, qui craignait un peu l’insouciance philosophique du brave homme ou sa trop grande soumission à quelque nouveau caprice de la femme voilée. Il faudra, de grand matin, nous occuper de réparer le temps perdu.
Le fait est que Flochardet n’était pas attendu chez lui à jour fixe. Sa femme ne savait pas que Diane fût malade au couvent, et elle ne comptait pas sur le plaisir de la revoir avant les vacances.
— Voyons, dit Flochardet à Romanèche, je crois qu’il est temps de dormir. Veux-tu dormir ici ? Je ne m’y oppose pas, si tu t’y trouves mieux qu’avec tes chevaux.
— Merci, monsieur, vous êtes trop bon, répondit Romanèche, mais je ne peux dormir qu’avec eux. Chacun a ses habitudes. Vous n’avez pas peur de rester seul avec la petite demoiselle ?
— Peur ? Non, puisque je ne verrai pas la Dame. À propos, pourrais-tu me dire comment on sait qu’elle est voilée, puisque personne ne l’a jamais vue ?
— Je ne sais pas, monsieur ; c’est une vieille histoire, je n’en suis pas l’auteur. J’y crois sans m’en tourmenter. Je ne suis pas poltron, et d’ailleurs je n’ai rien fait pour mécontenter l’esprit du château.
— Allons, bonsoir et bonne nuit, dit Flochardet ;