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XI


Le lendemain, le baron le trouvait à son poste au laboratoire. Il avait bonne mine et paraissait guéri ; mais deux jours plus tard le pauvre enfant était aussi pâle et aussi accablé qu’auparavant. Pressé de questions, il répondit enfin à son protecteur : — Monsieur le baron, il faut me laisser partir, je ne peux plus vivre ici. J’ai cru qu’un peu d’air et de promenade suffirait à ma guérison, je me suis trompé. Il me faut plus de temps que cela. Il me faut un an, peut-être davantage, je ne sais pas. Retirez-moi vos bienfaits, je n’en suis plus digne ; mais ne me haïssez pas, j’en mourrais de chagrin et ne pourrais profiter de la liberté que vous m’auriez laissée.

Le baron, voyant Clopinet si affecté, se montra tout à fait brave homme, et, le consolant de son mieux, lui jura qu’il ne cesserait jamais de s’intéresser à lui ; mais, avant de se rendre à la nécessité de le voir partir pour longtemps, peut-être pour toujours, car la vie de voyages est pleine de dangers, il exigea que l’enfant lui ouvrit tout à fait son cœur. Il lui supposait quelque arrière-pensée et ne comprenait pas du tout son amour pour la solitude.

— Eh bien ! répondit Clopinet, je vais tout vous dire, au risque de vous paraître idiot ou fou. J’aime les oiseaux, entendons-nous, les oiseaux vivants, et il me faut vivre avec eux ; j’aime bien à les voir en