Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/329

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te rendre quelque service, l’intention y est toujours.

— Non, merci ! Après bien des peines, tout va bien pour moi à présent. Cependant vous pourriez me faire un grand plaisir.

— Dis !

— Ce serait de venir dîner chez moi !

— Volontiers, si ce n’est pas trop loin d’ici, et si je peux arriver ce soir à Argelez, ou tout au moins à Pierrefitte.

— Non, il n’y faut pas songer. Ce n’est pas bien loin, ma maison, mais c’est un peu haut ; il est déjà quatre heures, et pour redescendre de ce côté-ci au soleil couché, non, c’est trop dangereux ! Je vois bien que vous avez bon œil et bon pied ; mais je ne serais pas tranquille. Il faut que vous passiez la nuit chez moi. Voyons, faites-moi cet honneur-là ! Vous ne serez point trop mal. C’est pauvre, mais c’est propre. Oh ! j’ai trop souffert des vilains gîtes dans mon enfance pour ne pas aimer la propreté. D’ailleurs vous ne mourrez pas de faim : j’ai tué un isard, il n’y a pas huit jours ; la viande est à point. Venez, venez ! Si vous refusez ; j’en aurai un chagrin que je ne peux pas vous dire.

Ge bon Miquel était si sincère, il avait une si agréable figure que j’acceptai de grand cœur, et j’aurais accepté de même, s’il eût fallu coucher sur la litière et souper avec le lait aigre et le pain dur des chalets.

Tout en marchant, je le questionnais ; il refusa de répondre. — Nous entrons dans le plus dur de la