Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/52

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vait beaucoup d’ennui à s’occuper tant de sa personne. Elle étouffait ses bâillements et devenait pâle quand il lui fallait se tenir devant une glace à essayer des coiffures et des chiffons. Elle ne savait pas s’arranger elle-même au goût de sa belle-mère, et quand elle essayait de se faire plus simple et de suivre son propre goût, elle était grondée et brusquée comme si elle eût commis une faute grave. Elle eût voulu s’occuper à autre chose, apprendre n’importe quoi. Elle questionnait beaucoup, mais madame Flochardet trouvait ses questions sottes, hors de propos, et ne jugeait pas utile qu’elle eût des curiosités pour les choses sérieuses. Diane dut lui cacher qu’elle avait une grande envie d’apprendre le dessin. Madame Laure Flochardet aspirait au jour où son mari ayant fait sa fortune, il ne serait plus question de peinture à la maison et où l’on pourrait trancher de la grande dame.

Diane commença à s’ennuyer sérieusement et à regretter le couvent qu’elle n’aimait pourtant guère, mais où, du moins, on lui réglait l’emploi de ses heures. Elle redevint pâle, son pas s’allanguit et la fièvre reparut de deux jours l’un, vers le coucher du soleil, pour durer jusqu’au matin.

Alors madame Laure s’inquiéta plus que de raison et la tourmenta pour lui faire prendre une quantité de drogues, sur le conseil de toutes les belles dames qui venaient chez elle. C’était tous les jours une nouvelle invention pour guérir la fièvre, et comme on ne donnait suite à rien, rien ne réussissait. L’enfant continuait à se soumettre à tout et à vouloir