Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/54

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de peine à l’y décider. Diane devint libre, et sa nourrice, chargée de la servir et de l’accompagner, ne la contraria pas plus que par le passé.

Alors Diane redemanda et obtint de se glisser dans l’atelier de son père quand il travaillait, et elle y reparut, toujours sage dans son petit coin, regardant tantôt la toile, tantôt le modèle, mais n’essayant plus de faire des barbouillages et ne donnant plus à rire à ses dépens. Elle savait maintenant que la peinture est un art, et qu’il faut l’avoir étudié pour le connaître.

Son désir de l’apprendre restait si vif que c’était presque une idée fixe ; mais elle n’en parlait plus, craignant que son père ne lui dît comme autrefois qu’elle n’était pas douée pour cela, et que sa belle-mère ne s’opposât à son désir.

M. Flochardet ne le contrariait pourtant pas. M. Féron, le vieux médecin, lui ayant conseillé d’observer ses tendances, il attendait qu’elle montrât son ancien goût pour le portrait, et il avait mis à sa disposition une provision de crayons et de papier. Diane n’en profitait pas, elle regardait les œuvres et les cartons de son père, et elle rêvait.

Elle pensait souvent au château de Pictordu et, comme on parlait quelquefois devant elle de cette ruine où M. Flochardet avait été forcé de passer une nuit, elle n’osait plus croire à tout ce que la fée au voile lui avait montré. Elle regrettait de l’avoir vu d’une manière un peu confuse, à travers la fièvre peut-être, et elle eût souhaité, si c’était un rêve, de le recommencer. Mais on ne rêve pas ce que l’on veut