Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/78

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connaître les traits de sa mère. Elle remercia vivement le docteur et accepta son offre avec une joie émue. M. Féron lui promit qu’elle aurait cette miniature le lendemain sous les yeux. Il lui fit promettre qu’elle serait calme jusque-là et qu’elle travaillerait désormais avec moins de feu et plus de patience. Il te faut dix ans encore, lui dit-il, avant de bien savoir ce que tu fais. Il te faut voir les chefs-d’œuvre des maîtres. Nous voyagerons quand tu seras en âge d’en profiter, ensuite tu pourras prendre des leçons de quelque bon peintre, car ici, sous les yeux de ton père, ce serait blâmé ; on le croit le premier du monde et lui-même serait peut-être blessé de te voir un autre professeur que lui.

— Oh ! c’est impossible, je le comprends, s’écria Diane ; je patienterai, mon bon ami, je serai raisonnable, je vous le promets.

Elle tint sa parole autant que possible. Mais, dès qu’elle fut endormie, elle revit la Dame au voile qui lui proposait une promenade au château de Pictordu. À peine y furent-elles arrivées, qu’une grande demoiselle mince et très-jolie vint les prier de s’en aller au plus vite, parce que le château allait tomber. Diane reconnut que cette jeune personne n’était autre que mademoiselle Blanche de Pictordu, et, comme elle l’appelait par son nom, celle-ci lui répondit :

— Il ne vous est pas malaisé de me reconnaître, parce que vous voyez à mon cou la broche de turquoises que vous m’avez donnée. Sans cela, vous ne sauriez qui je suis, car vous n’avez point de mé-