Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/87

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grettant elle n’avait songé qu’à elle-même ; elle la regrettait maintenant pour le bonheur qu’elle eût pu donner à son père et qu’elle avait emporté avec elle.

Et elle dessinait machinalement sans songer à l’occupation de ses mains, elle appelait sa mère du fond de son âme, elle lui disait : Où es-tu ? Vois-tu ce qui se passe ? Ne peux-tu rien me dire de ce qu’il faudrait faire pour sauver et consoler celui qu’une autre accable et désole ?

Tout à coup elle sentit comme un souffle chaud dans ses cheveux et une voix faible comme la brise du matin murmura à son oreille : Je suis là, tu m’as trouvée.

Diane tressaillit et se retourna ; il n’y avait personne derrière elle. Il n’y avait d’autre mouvement dans sa chambre que l’ombre des feuilles des tilleuls agitées par le vent, sur le plancher de sapin blanc. Elle regarda son papier, une silhouette très-fine s’y dessinait, c’était elle qui l’avait tracée ; elle l’indiqua davantage et modela le visage, toujours sans y attacher d’importance. Puis elle massa la chevelure de cette tête d’étude, y dessina une bandelette et une étoile en souvenir du camée splendide dont elle avait rêvé et la regarda avec indifférence, pendant que Geoffrette qui venait d’entrer trottait par la chambre pour ranger quelques objets.

— Eh bien, mon enfant, dit la bonne femme en s’approchant, êtes-vous contente de votre ouvrage, ce matin ?

— Pas plus que les autres jours, ma Geoffrette, je