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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

est aussi très gentille ; enfin, notre ménage va au mieux, mais je crains que nous ne soyons forcés de nous séparer bientôt. Hippolyte est à Paris depuis quelques jours, il devait y passer une quinzaine et revenir ; à présent, il nous mande qu’il sera forcé d’y rester tout à fait, à cause de l’obligation de faire partie de la garde nationale. Les troubles fréquents qui éclatent à Paris contraignent ce corps à une grande activité. C’est un devoir d’homme d’en faire partie dans un temps d’agitations et de désordres civils. Il a vu Pierret, qui venait de monter trente heures de garde ; il était sur les dents.

Si mon frère ne peut revenir de l’hiver, probablement sa femme voudra l’aller rejoindre. Je verrais cette séparation avec regret ; l’habitude nous avait déjà rendus nécessaires les uns aux autres ; du moins, je le sens ainsi pour ma part ; c’est un besoin pour moi de m’attacher à ceux qui m’entourent.

Pardon de mon bavardage et de mon barbouillage. À propos, vous occupez-vous toujours de peinture, distraction agréable dont vous vous tirez fort bien ? Le mot barbouillage, que je fais suivre d’un à propos assez impertinent, ne peut s’appliquer qu’à moi. Je fais des fleurs qui ont l’air de potirons, mais ça m’amuse.

Adieu, ma chère petite mère ; je vous embrasse de toute mon âme. Émilie, mon mari et les enfants se joignent à moi et vous chargent d’embrasser Caroline, Oscar et Cazamajou.