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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

petit patrimoine ne me permettront plus de longues absences. Je pourrai toujours vous conduire jusqu’à la frontière, si vous prenez votre volée dans un moment où les plumes repousseront à mon aile. Là, je vous saluerai et vous suivrai de l’œil jusqu’à l’horizon.

Avant tout, soyez heureux autant que faire se peut. Le bonheur est-il refusé à la jeunesse ? Je le crois en me sentant devenir de plus en plus calme et satisfaite à mesure que je redescends la vie. La jeunesse est un bonheur par elle-même, ses distractions lui suffisent. Ceci n’est pas de moi. Je crois que c’est vrai.

Adieu, mon cher Jules César ; portez-vous bien, et me ama.

GEORGE.



À LA FAMILLE SAINT-SIMONIENNE DE PARIS


La Châtre, 15 février 1836.


Ne pouvant vous remercier chacun séparément aujourd’hui, permettez, frères, que je vous remercie collectivement en m’adressant à Vinçard. Vous avez eu pour moi de la sympathie et des bienveillances pleines de charme et de bonté. Je ne méritais pas votre attention, et je n’avais rien fait pour être honorée à ce point. Je ne suis pas une de ces âmes fortes et retrempées qui peuvent s’engager par un serment dans une voie nouvelle. D’ailleurs, fidèle à de vieilles affec-